* Les évangiles
Cet ensemble de lettres qui apparaît dans celles rajoutées au grand parchemin n’a pour l’instant jamais été expliqué de façon satisfaisante, vous allez comprendre aujourd’hui sa provenance.
En latin, cette expression se traduit par « vers Génésareth »,Génésareth étant le nom donné au lac de Tibériade mais aussi à une ville située au nord-ouest de ce lac. Ce nom se trouve citée trois fois dans le nouveau testament :
Matthieu 14-34
Après avoir traversé le lac, ils arrivèrent dans la région de Génésareth.
Marc 6-53
Après avoir traversé le lac, ils arrivèrent dans la région de Génésareth et y abordèrent.
Luc 5-1
Un jour, Jésus se trouvait au bord du lac de Génésareth et la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu.
…mais seules les deux premières citations correspondent à l’idée d’un déplacement vers Génésareth. Elles font référence à la même péricope : Après avoir appris la décapitation de Jean-Baptiste, Jésus multiplie les pains puis en marchant sur l’eau, il rejoint la barque où se trouvent ses disciples avant de revenir vers Génésareth.
Nous savons que le petit parchemin provient du codex Bezae. Cela nous a permis de découvrir et comprendre les annotations liturgiques écrites à la marge du texte de l’évangile de Jean XII, j’en avais fait l’étude il y quelques mois :Codex Bezae 2 .Pour comprendre ce qui va suivre je vous invite à relire cette étude.
* Vers la terre de Genesareth
En grec, l’expression exacte est « ἐπὶ τὴν γῆν εἰς Γεννησάρ. ».
ἐπὶ : vers
τὴν γῆν : la terre
εἰς Γεννησάρ : de génésareth
Dans le codex Bezae, vous la retrouverez en bas de cette page : http://oncial.d.free.fr/cb/mt/mt.php?chapter=14&lang=l ( pour l’évangile de Matthieu 14-34 )
http://oncial.d.free.fr/cb/mk/mk.php?chapter=6&lang=l ( pour l’évangile de Marc 6-53 )
Mais rien ne vaut l’original :
page 48b ( Matthieu ) :
https://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-NN-00002-00041/82
page 306b ( Marc ) :
https://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-NN-00002-00041/593
C’est à nouveau grâce aux annotations que nous allons comprendre le lien entre ces deux pages. Pour la première vous pouvez remarquer qu’elle se termine par le mot TELOS . Dans l’étude sur le codex, j’ai eu l’occasion d’expliquer qu’elle permettait au prêtre de repérer la fin de sa lecture. Il y a donc un début qui ici n’est pas repéré par« un XAP », ce début se trouve à la page précédente ( page 47b ) :
Je vous avais déjà parlé de cette page, car on y trouvait deux fautes remarquables, ainsi j’expliquais :
Περη ( peré )
C’est un adverbe qui signifie « en vue de » , mais il devrait s’orthographier περὶ. A l’époque du scripteur, ι (iôta) et η (êta, devenu îta) se prononçaient tous deux « i ».Mais ici l’erreur est remarquable car dans tout le codex ( voir Annexe 1 ), cette erreur n’a été faite que deux fois. On la trouve sur cette page, et sur la page 47B (80/856 codex ) où le scripteur L semble particulièrement inattentif ,car il oublie un β sur le mot σαββάτo ( voir déclinaison en annexe 2 ). C’est la seule et unique fois sur tout le livre .
En fait j’avais commis une erreur, car dans tout le codex Bezae* le mot est écrit 48 fois sous la forme περὶ ( pages 14-28-34-43-56-57-60-61-62-68-71-73-74-75-87-124-145-184-191-199-201-202-208-210-211-215-216-218-220-236-238-244-245-247-248-253-254-257-287-288-289-304-307-313-315-317-321-437 ) et trois fois ( et non deux ) sous la forme Περη ( pages 47-150-306 ).
Si vous avez été attentif, vous savez où se trouve cette troisième forme, c’est dans Marc 6-53 .
Dans toutes les HERMENEIAI ( Codex Bezae 1 ) , une seule possède cette erreur, c’est celle illustrée pour Marc 6-53 .
« ερμϊνϊα « : περη ερϊσμου μϊ ερϊσης, qui se traduit approximativement par : »Erminia » à propos de la division d’une division ( division, querelle, dispute …contentieux ).
* Erreur ou intention ?
Il faut comprendre qu’à l’époque où les annotations furent écrites sur le codex, le mot περη n’existe pas, mais il se prononce « péri ». Il faut donc imaginer qu’un romancier de notre époque remplace trois adverbes de son ouvrage par « un équivalent phonétique ». Si l’on considère qu’il s’agit d’une simple erreur « de lettre » qui se répète trois fois dans des péricopes directement en relation avec le grand parchemin et sachant qu’une péricope occupe pratiquement une page dans un codex qui en comporte 406, alors il y a 1/406*1/405*1/403 = 1/66 429 720 soit une chance sur 66 millions qu’il s’agisse d’une simple erreur !
Le choix des mots « Περη » et « Ad » ( Génésareth ) est judicieux, car le mot περὶ se trouve noté des dizaines de fois dans le codex et il signifie « en vue de » mais aussi « pour » et « vers« , autrement dit « Ad » et « περὶ » sont synonymes.
* En résumé
Dans tout le codex Bezae on ne trouve que trois fois l’erreur, deux concernent le mot Genesareth ,présentes dans Matthieu XIV et Marc VI et la troisième dans Jean XII qui fut le texte choisi pour créer le grand parchemin. Tout cela nous apprend deux choses…
La première est que le créateur du grand parchemin connaissait parfaitement cette erreur. Il est inimaginable qu’un « copie/colleur » du nom de Plantard ait choisi un texte dans Vigouroux ( rappelons qu’il n’a jamais cité cet ouvrage ni justifié son origine c’est-à-dire cité le codex Bezae ) , puis pour je ne sais quelle raison ait consulté le codex Bezae afin d’y trouver un superbe PAX ( jean XII) et enfin s’être intéressé à ce mot « peri » ! Par contre, il est certain que le créateur du grand parchemin avait l’information mais ne disposait pas du codex, depuis peu de temps je pense sérieusement qu’il s’agit de l’abbé Boudet ( https://recharc.fr/en-garde/ ).
La deuxième information est qu’il y a bien longtemps, un prêtre a annoté le codex afin de créer un lien entre le texte de Jean XII où il est question de la mort de Jésus et celui de « Matthieu XIV/Marc VI » où il est question de la mort de Jean-Baptiste mais « pas que » .À l’aide d’un XAP et d’un PSS il indique ( comme le fera plus tard la stèle de Marie de Negri d’Ables puis LVL Celtique ) la direction qui va d’Arques à LVLDieu.
Enfin un troisième texte, celui de Luc VI pourrait dès cette époque avoir un lien avec les précédents par le biais du mot « SABBATO » .
* Afin de vérifier mes affirmations, vous pouvez consulter les pages 448,449,450,451 et 452 de l’ouvrage de Scrivener téléchargeable ICI .